Lemerre a-t-il réellement besoin d’un régisseur ?
Les Aigles de Carthage poursuivent actuellement leur préparation au Mondial 2006 en Suisse où ils effectuent un stage de dix jours. Cependant, le débat reste ouvert sur la liste des 23 Mondialistes.
Pour revenir à ce stage il y a lieu de rappeler qu’à partir de dimanche dernier, tous les joueurs sont là, sur place, à la disposition de leur coach. Jemmali et Bouazizi, plus sollicités que leurs coéquipiers au cours de l’actuelle saison, ont bénéficié de quelques jours supplémentaires de repos alors que Trabelsi, en pourparlers avec les dirigeants du P.S.G. ces derniers temps, a été autorisé à se rendre à Paris pour se fixer sur son avenir et se concentrer totalement, par la suite, sur le Mondial. A présent, ils sont tous là, avec en sus, les deux suppléants, Haj Messoud et Berrebat, qui demeureront avec le groupe jusqu’au 3 juin, c’est à dire jusqu’au lendemain de la finale du tournoi LG qui sera disputé à Radès du 30 mai au 3 juin.
* Pour d’autres solutions tactiques
L’éviction de Slim Ben Achour de la liste du Mondial continue à faire couler beaucoup d’encre. Le meneur de jeu de la sélection prévoit même de tenir une conférence de presse à Tunis très prochainement pour évoquer ce problème et parler de son avenir avec les Aigles de Carthage. La réaction de Ben Achour a été vive puisqu’il ne cache pas son énorme déception car, dit-il, sa blessure ne nécessitait que quelques jours de repos et il estime qu’il aurait été totalement rétabli au moins une semaine avant le coup d’envoi du Mondial.
La non-convocation de Ben Achour va-t-elle laisser un vide dans la formation tunisienne? Roger Lemerre base-t-il sa tactique sur un meneur de jeu et dispose-t-il de solutions de rechange parmi son effectif? Pour répondre, il suffit de revenir sur les prestations du Onze tunisien qui n’était pas toujours renforcé par le milieu de terrain de Guimares. Lorsque Ben Achour est là, la manœuvre offensive transite par le milieu et le régisseur joue un rôle important dans la construction et le soutien aux attaquants. Par contre, on a souvent vu la sélection adopter d’autres options tactiques, parfois avec plus de bonheur et de réussite. Dans de telles situations, Lemerre a utilisé d’autres armes comme celle de la contribution de ses latéraux, surtout Trabelsi, qui anime le côté droit en compagnie de Bouazizi et parfois Jaziri qui glisse, lui aussi, vers ce côté. On a vu, dans certaines occasions, Kaïs Ghodhbane jouer le rôle de régisseur, mais il s’agit là d’un joueur plus tactique et moins technique, qui tire sa force du soutien de ses coéquipiers et il lui manque souvent la créativité nécessaire pour occuper le poste de régisseur. Parmi le groupe actuel des 23, hormis Ghodbane, il n’y a pas un autre joueur susceptible de donner satisfaction à ce poste et Lemerre pourrait envisager de jouer sans véritable animateur au milieu. Il l’a déjà fait auparavant et le fait qu’il a abandonné Ben Achour et “ignoré” Sellami, à titre d’exemple, laisse prévoir que face aux Ukrainiens et Espagnols, le sélectionneur prévoit plutôt une guerre physique et tactique que seuls des joueurs robustes pourraient réussir à gagner. Avec Nammouchi Chedli, Bouazizi et Mnari, le sélectionneur dispose d’un milieu très fort, physiquement et tactiquement, mais moins performant sur le plan offensif où la créativité et le talent pur sont exigés.
En tout cas, ce sont là les choix de Roger Lemerre qui connaît mieux que quiconque ses joueurs, leurs véritables points forts ou faibles. Il a eu à voir les trois adversaires de la Tunisie à l’œuvre et c’est en fonction de tous ces facteurs qu’il a établi sa liste. Malgré certaines réserves, on ne peut que lui faire confiance en attendant de voir les nôtres confirmer sur le terrain.
Kamel ZAÏEM (Le Quotidien)
