Si le débat continuera à faire couler beaucoup d’encre autour de l’équipe nationale de football, à propos de ses choix et priorités, après sa double qualification à la CAN et au Mondial 2006,
il est à craindre que l’on soit mal parti pour préparer ces deux confrontations internationales de première importance.
La question, le doute s’est insinué immédiatement après la réaction et le souhait qu’on avait prêté au jeune Hagui qui «voulait prêter main-forte à son équipe qui en avait besoin». Etait-ce un élan de générosité (Hagui n’en manque pas) dont il est coutumier, ou une réaction face à une situation qui le taraudait en raison de la position en championnat de son club employeur?
Cela importe peu, mais la brèche dans cet édifice que l’on pensait inébranlable est bien là. Les responsables se doivent de ce fait de réagir et de mettre les choses au point. S’ils ne se sentent pas obligés de le faire (ils gèrent après tout ce dossier détonnant) immédiatement, ils risquent de le regretter.
En effet, la pression qui monte au niveau de l’opinion publique n’est pas positive. A long terme, elle déstabilisera le groupe et influerait énormément sur la préparation puis, plus tard, la concentration sur l’objectif.
Personne, vraiment personne n’est en mesure de convaincre les fans de l’équipe de Tunisie qu’un champion en titre peut être appelé à faire de la figuration. Et ce ne sera jamais le cas.
Que reste-t-il dans ce cas ? Tout simplement le risque de voir ce ballon de baudruche, empli d’air vicié, exploser aux visages de tous. Et ce sera trop tard. En effet, si par malheur, la campagne égyptienne tourne court, on s’empressera de faire le rapprochement et d’affirmer que l’on n’était pas du tout motivé par cette CAN.
D’où la nécessité de faire posément le point et de se déterminer par rapport à ce dilemme épineux qui se pose. C’est une sorte de rançon de la gloire, à laquelle on doit se plier pour éviter que le doute ne s’insinue et que l’on laisse libre cours à l’imagination.
Et personne, à notre sens, n’est à l’abri de ce genre de remous, faits de rumeurs et de contre-rumeurs qui iront en s’amplifiant, jusqu’au moment où on mettra les choses au point pour entamer comme il se doit la prochaine étape.
Paradoxalement à cette situation, quelque chose nous dit que l’on risque soit de réussir à faire entrer le football tunisien dans une étape cruciale, soit que ce même football risque de passer à côté de cette chance de croire en son destin.
Le tout se résume en quelques mots: tout le monde, toutes les parties prenantes ont besoin de savoir où on va.
Kamel GHATTAS (La Presse)
